Maitane Sebastián (vendredi, 15. mai 2020 22:57) J.S. Bach! Architecturale et contrapuntique, la poésie mathématique et organique de Bach aura su traverser le temps au plus haut point, inspirer toutes sortes de courants et d’instrumentations. Dans ses Suites pour violoncelle seul par exemple, alors qu’il était altiste et organiste, improvisateur et compositeur déjà reconnu, dans une période de sa vie où les circonstances liturgiques de son emploi ne donnaient pas lieu à des commandes purement instrumentales, on peut supposer que le simple plaisir, la liberté personnelle, le défi d’imaginer pour un instrument monodique une musique polyphonique où les parties manquantes sont recréées par l’auditeur, ou encore la curiosité d’explorer les possibilités du violoncelle sont autant de raisons qui ont pu le pousser à les composer. Une musique qui coule comme un ruisseau, avec le naturel du rebond d’une balle et la magie géométrique d’une nature fractale, une musique qui avec Casals il y a 30 ans ne fit que commencer à embraser ma passion pour cet art. Je me dis que le génie devait enivrer parfois Bach dans sa recherche de la source – Bach, cet homme qui souffrait en silence, qui vivait des tragédies régulières avec les décès dans sa famille, la rudesse de son travail acharné lui provoquant cécité, et cet espoir entretenu par l’adulation de l’Éternel et les doutes qui vont avec. La plus grande liberté possible dans la contrainte de son langage est une recherche inépuisable aux saveurs multiples et atemporelles qui ne cessent de m’émerveiller, comme si devenir regard tendait à remplacer le fait d’être action, par la force pure et simple du texte musical : tout y est.
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